La habitación azul

¿Les gusta a Simenon?

¿Lo sabían que sus famosas novelas con el comisario «Maigret» sólo representan una parte, ciertamente no insignificante de su producción literaria pero seguramente no la que es la más importante? ¿Lo sabían que es uno de los escritores más leídos en el mundo, más adaptados a la gran pantalla, y que su obra es gigantesca, la tercera de lengua francés más traducida después de las de Jules Verne y de Alexandre Dumas?

George Simenon nació el 12 de febrero de 1904 en Lieja, pequeña ciudad del sur de la Bélgica, que es también mi ciudad natal. Sin embargo creo que soy totalmente objetivo cuando califico Simenon de novelista excepcional, al menos uno de los mejores del siglo XX. Su escritura es simple, habla de gente simple que viven en general en pequeñas ciudades, simples también ellas. Basándose en estos elementos, que conoce siempre muy bien, a menudo por haber vivido en el mismo lugar y frecuentado el medio descrito, Simenon nos lleva a las profundidades de la naturaleza humana, no siempre muy buenas y muy agradables a conocer pero en las cuales, a menudo, nos reconocemos, al menos en parte.

He elegido «La habitación azul», una de sus novelas «duras», como le gustaba llamar las que consideraba más importantes en su recorrido literario, quizás una de las mejores. De todos modos no se sale indemne de esta historia de adulterio que deja también un gran espacio al misterio, una novela  seguramente muy superior a la reciente adaptación cinematográfica de Mathieu Amalric.

Alrededor del inicio genial de esta novela, les propongo dos obras magistrales: “El beso” de Edvard Munch y “Blue in green” de Miles Davis.

Edvard Munch, Beso en la ventana,

Vous aimez Simenon?

Saviez-vous que les fameux Maigrets ne représentent qu’une partie, certes non la plus infime, de sa production littéraire mais certainement pas la plus importante? Saviez-vous u’il est un des écrivains les plus lus au monde, les plus adaptés au grand écran, et que son œuvre est gigantesque, la troisième de langue française la plus traduite après celles de Jules Verne et Alexandre Dumas?

George Simenon est né le 12 février 1903 à Liège, petite ville du sud de la Belgique, qui est également ma ville natale. Je crois pourtant être totalement objectif quand je qualifierais Simenon de romancier exceptionnel, un des meilleurs du vingtième siècle pour le moins. Son écriture est simple, il parle de gens simple qui vivent en général dans de petites villes, simples elles aussi. À partir de cette base qu’il connaît toujours fort bien, souvent pour avoir vécu sur place et fréquenté le milieu décrit, Simenon nous emmène dans les profondeurs de la nature humaine, pas toujours fort reluisantes et dans lesquelles souvent nous nous reconnaissons, pour le moins en partie.

J’ai choisi «La chambre bleu», un de ses romans «durs», comme il aimait appeler les romans qu’il jugeaient les plus importants dans son parcours littéraire, peut-être un des meilleurs. En tout cas on ne sort pas indemne de cette histoire d’adultère qui laisse aussi une grande place au mystère, un roman très certainement supérieur à la récente adaptation cinématographique de Mathieu Amalric.

Autour du début génial de ce roman, je vous propose deux oeuvres magistrales: “Le baiser” de Edvard Munch et “Blue in green” de Miles Davis.

 Jean Claude Fonder


LA CHAMBRE BLEU de George Simenon

Chapitre 1

— Je t’ai fait mal ?
— Non.
— Tu m’en veux ?
— Non.
C’était vrai. A ce moment-là, tout était vrai, puisqu’il vivait la scène à l’état brut, sans se poser de questions, sans essayer de comprendre, sans soupçonner qu’il y aurait un jour quelque chose à comprendre. Non seulement tout était vrai, mais tout était réel : lui, la chambre, Andrée qui restait étendue sur le lit dévasté, nue, les cuisses écartées, avec la tache sombre du sexe d’où sourdait un filet de sperme.
Etait-il heureux ? Si on le lui avait demandé, il aurait répondu oui sans hésiter.
L’idée ne lui venait pas d’en vouloir à Andrée de lui avoir mordu la lèvre. Cela faisait partie d’un tout, comme le reste, et, debout, nu lui aussi, devant le miroir du lavabo, il tapotait sa lèvre avec la serviette imbibée d’eau fraîche.
— Ta femme va te poser des questions ?
— Je ne crois pas.
— Elle t’en pose parfois ?
Les mots n’avaient guère d’importance. Ils parlaient pour le plaisir, comme on parle après l’amour, le corps encore sensible, la tête un peu vide.
— Tu as un beau dos.
Quelques taches roses étoilaient la serviette et, dans la rue, un camion vide rebondissait sur les pavés. Des gens parlaient, à la terrasse. On distinguait des mots par-ci par-là, qui ne formaient pas des phrases et ne voulaient rien dire.
— Tu m’aimes, Tony ?
— Je crois…
Il plaisantait, mais sans sourire, à cause de sa lèvre inférieure qu’il tamponnait toujours avec le linge mouillé.
— Tu n’en es pas sûr ?
Il se retourna pour la regarder et cela lui fit plaisir d’apercevoir cette semence, qui était la sienne, si intimement mêlée au corps de sa compagne.
La chambre était bleue, d’un bleu de lessive, avait-il pensé un jour, un bleu qui lui rappelait son enfance, les petits sachets d’étamine emplis de poudre bleue que sa mère diluait dans le baquet à lessive avant le dernier rinçage du linge, juste avant d’aller l’étendre sur l’herbe luisante du pré. Il devait avoir cinq ou six ans et il se demandait par quel miracle la couleur bleue pouvait rendre le linge blanc.
Plus tard, bien après la mort de sa mère dont le visaje devenait déjà flou dans sa mémoire, il s’était demandé aussi pourquoi des gens aussi pauvres qu’eux, vêtus d’habits rapiécés, attachaient tant d’importance à la blancheur du linge.
Y pensait-il en ce moment ? Il ne le saurait que plus tard. Le bleu de la chambre n’était pas seulement le bleu de lessive, mais aussi le bleu du ciel par certains chauds après-midi d’août, un peu avant que le soleil déclinant le teinte de rose, puis de rouge.
On était en août. Le 2 août. L’après-midi était avancé. A cinq heures, des nuages dorés, d’une légèreté de crème fouettée, commençaient à monter au-dessus de la gare dont la façade blanche restait dans l’ombre.
— Tu pourrais passer toute ta vie avec moi ?
Il n’avait pas conscience d’enregistrer les mots. Pas plus que les images ou les odeurs. Comment aurait-il deviné que cette scène, il la revivrait dix fois, vingt fois, davantage encore, chaque fois dans un état d’esprit différent, chaque fois vue d’un autre angle ?
Pendant des mois, il s’efforcerait de retrouver le moindre détail, pas toujours de son plein gré, mais parce que d’autres l’y obligeraient.



LA HABITACIÓN AZUL de George Simenon

Capitulo 1

—¿Te he hecho daño?
—No.
—¿Te has enfadado?
—No
Era verdad. En aquel momento todo era verdad, porque vivía la situación en estado bruto, sin preguntarse nada, sin intentar comprender, sin imaginarse que llegaría un día en que habría que intentar comprender. No sólo todo era verdad, sino que además todo era real: él, la habitación y, sobre la cama deshecha, Andrée desnuda, con las piernas abiertas, con la mancha oscura del sexo de la que salía un hilillo de esperma.
¿Se sentía feliz? Si se lo hubieran preguntado, hubiera respondido sin vacilar que sí. No se le ocurría enfadarse con Andrée porque le hubiese mordido el labio. Aquello formaba parte de un todo, y él, también desnudo, de pie ante el espejo del lavabo, se daba golpecitos en el labio con una toalla empapada de agua fresca.
—¿Te va a preguntar tu mujer qué te ha pasado?
—No creo.
—¿Nunca te pregunta nada?
Las palabras apenas importaban. Hablaban por el placer de hablar, como se habla después de hacer el amor, con el cuerpo todavía sensible, la cabeza un poco vacía.
—Qué espalda más bonita tienes.
La toalla estaba salpicada de manchas rosáceas y en la calle un camión vacío se bamboleaba sobre los adoquines. En la terraza, la gente hablaba. Se oían algunas palabras sueltas, que no formaban frases y no querían decir nada.
—¿Me quieres, Tony?
—Eso creo…
Bromeaba, pero sin sonreír, a causa del labio inferior, que se seguía curando con la toalla mojada.
—¿No estás seguro?
Se volvió para mirarla y le gustó ver el semen, que era suyo, tan íntimamente ligado al cuerpo de su compañera.
La habitación era azul, del azul de la colada, pensó un día, un azul que le recordaba su infancia, los saquitos llenos de polvo azul que su madre diluía en el agua justo antes del último aclarado y de extender la ropa sobre la brillante hierba del prado. Él debía de tener cinco o seis años y se preguntaba por qué milagro el color azul dejaba la ropa blanca.
Más tarde, mucho después de la muerte de su madre, cuyo rostro ya se desvanecía en su memoria, también se preguntaba por qué siendo tan pobres como eran, que se vestían con ropa remendada, daban tanta importancia a la blancura de la ropa.
¿Pensaba en eso en este momento? Sólo más tarde lo sabría. El azul de la habitación no era sólo el azul de la colada, sino también el el azul del cielo en ciertas tardes calurosas de agosto, poco antes de que el sol poniente lo tiñera de rosa y luego de rojo.
Era agosto. El 2 de agosto. La tarde estaba avanzada. A las cinco, unas nubes doradas, ligeras como la nata, se alzaban sobre la estación de sombreada fachada blanca.
—¿Te pasarías la vida entera conmigo?
Él no tenía conciencia de registrar las palabras. No más que las imágenes o los olores. ¿Cómo hubiera podido adivinar que volvería a vivir esta escena diez, veinte veces, y más aún, y cada vez con un estado de ánimo diferente, cada vez viéndola desde otro ángulo?
Durante meses se esforzaría en recordar cualquier detalle, y no siempre por propia voluntad sino porque otros le iban a obligar a hacerlo.



Jean Claude Fonder

Las estaciones

Fue une verdadero regalo en verano: En una iglesia de Milán, San Pietro in Gessate, Fabio Bondi y su conjunto Europa Galante interpretaron magistralmente «Las cuatro estaciones» de Antonio Vivaldi. El famoso músico en esta obra es particularmente innovador, su música es descriptiva más que melódica. Bastará leer durante la escucha los sonetos que la inspiraron.

He asociado a este obra maestra musical, «Canción de otoño» de Paul Verlaine que es  también muy descriptivo con la música de sus palabras  y «La cometa» de Francisco Jose de Goya y Lucientes, que evoca admirablemente, para mi, con su luz y sus colores,  la ambiente de la obra de Vivaldi.

La cometa. Francisco Jose de Goya y Lucientes (1777-1778)

Ce fut un vrai régal en été: Dans une église de Milan, San Pietro in Geste, Fabio Bondi et son ensemble Europa Galante interprétèrent magistralement “Les quatre saisons” de Antonio Vivaldi. Le célèbre musicien dans cette oeuvre est particulièrement innovateur, sa musique est descriptive plus que mélodique. Il suffira durant l’écoute de lire les sonnets qui la inspirèrent.
J’ai associé à ce chef d’oeuvre musical, “Canción de otoño” de Paul Verlaine qui lui aussi est très descriptif avec la musique de ses mots et “La compta” de Francisco Jose de Goya y Lucites, qui évoque admirablement, selon moi, avec sa lumière et ses couleurs,  l’atmosphère de l’oeuvre de Vivaldi.


«LAS CUATRO ESTACIONES» DE ANTONIO VIVALDI  ACCADEMIA BIZANTINA – STEFANO MONTANARI

(He tenido que substituir la interpretación de Fabio Bondi por la de Stefano Montanari que me ha siempre encantado).

LA PRIMAVERA

Allegro
Voici le Printemps,
Que les oiseaux saluent d’un chant joyeux.
Et les fontaines, au souffle des zéphyrs,
Jaillissent en un doux murmure.

Ils viennent, couvrant l’air d’un manteau noir,
Le tonnerre et l’éclair messagers de l’orage.
Enfin, le calme revenu, les oisillons
Reprennent leur chant mélodieux.

Largo
Et sur le pré fleuri et tendre,
Au doux murmure du feuillage et des herbes,
Dort le chevrier, son chien fidèle à ses pieds.

Allegro
Au son festif de la musette
Dansent les nymphes et les bergers,
Sous le brillant firmament du printemps.

Allegro
Llegó la primavera y de contento
las aves la saludan con su canto,
y las fuentes al son del blanco viento
con dulce murmurar fluyen en tanto.

El aire cubren con su negro manto
truenos, rayos, heraldos de su adviento,
y acallándolos luego, aves sin cuento
tornan de nuevo a su canoro encanto.

Largo
Y así sobre el florido ameno prado
entre plantas y fronda murmurante
duerme el pastor con su fiel perro al lado.

Allegro
De pastoral zampoña al son chispeante
danzan ninfa y pastor bajo el techado
de primavera al irrumpir brillante.

L’ESTATE

Allegro non molto – Allegro
Sous la dure saison écrasée de soleil,
Homme et troupeaux se languissent,
et s’embrase le pin.
Le coucou se fait entendre, et bientôt
d’une seule voix
Chantent la tourterelle et le chardonneret.

Zéphyr souffle doucement, mais, tout à coup,
Borée s’agite et cherche querelle à son voisin.
Le pâtre s’afflige, car il craint
L’orage furieux, et son destin.

Adagio – Presto – Adagio
À ses membres las, le repos est refusé :
La crainte des éclairs et le fier tonnerre
Et l’essaim furieux des mouches et des taons.

Allegro
Ah, ses craintes n’étaient que trop vraies,
Le ciel tonne et fulmine et la grêle
Coupe les têtes des épis et des tiges.

Allegro non molto – Allegro
Bajo dura estación del sol ardida
mústiase hombre y rebaño
y arde el pino;
lanza el cuco la voz
y pronto oída
responden tórtola y jilguero al trino.

Sopla el céfiro dulce y enseguida
Bóreas súbito arrastra a su vecino;
y solloza el pastor, porque aún cernida
teme fiera borrasca y su destino.

Adagio – Presto – Adagio
Quita a los miembros laxos su reposo
el temor a los rayos, truenos fieros,
de avispas, moscas, el tropel furioso.

Allegro
Sus miedos por desgracia son certeros.
Truena y relampaguea el cielo y grandioso
troncha espigas y granos altaneros.

L’AUTUNNO

Allegro
Par des chants et par des danses,
Le paysan célèbre l’heureuse récolte
Et la liqueur de Bacchus
Conclut la joie par le sommeil.

Adagio molto
Chacun délaisse chants et danses :
L’air est léger à plaisir,
Et la saison invite
Au plaisir d’un doux sommeil.

Allegro
Le chasseur part pour la chasse à l’aube,
Avec les cors, les fusils et les chiens.
La bête fuit, et ils la suivent à la trace.

Déjà emplie de frayeur,
fatiguée par le fracas des armes
Et des chiens, elle tente de fuir,
Exténuée, mais meurt sous les coups.

Allegro
Celebra el aldeano a baile y cantos
de la feliz cosecha el bienestar,
y el licor de Baco abusan tantos
que termina en el sueño su gozar.

Adagio molto
Deben todos trocar bailes y cantos:
El aire da, templado, bienestar,
y la estación invita tanto a tantos
de un dulcísimo sueño a bien gozar.

Allegro
Al alba el cazador sale a la caza
con cuernos, perros y fusil, huyendo
corre la fiera, síguenle la traza;

Ya asustada y cansada del estruendo
de armas
y perros, herida amenaza
harta de huir, vencida ya, muriendo.

L’INVERNO

Allegro non molto
Trembler violemment dans la neige étincelante,
Au souffle rude d’un vent terrible,
Courir, taper des pieds à tout moment
Et, dans l’excessive froidure, claquer des dents;

Largo
Passer auprès du feu des jours calmes et contents,
Alors que la pluie, dehors, verse à torrents;

Allegro
Marcher sur la glace, à pas lents,
De peur de tomber, contourner,

Marcher bravement, tomber à terre,
Se relever sur la glace et courir vite
Avant que la glace se rompe et se disloque.

Sentir passer, à travers la porte ferrée,
Sirocco et Borée, et tous les Vents en guerre.
Ainsi est l’hiver, mais, tel qu’il est, il apporte ses joies.

Allegro non molto
Temblar helado entre las nieves frías
al severo soplar de hórrido viento,
correr golpeando el pié cada momento;
de tal frió trinar dientes y encinas.

Largo
Pasar al fuego alegres, quietos días
mientras la lluvia fuera baña a ciento;

Allegro
caminar sobre hielo a paso lento
por temor a caer sin energías.

Fuerte andar, resbalar, caer a tierra,
de nuevo sobre el hielo ir a zancadas
hasta que el hielo se abra en la porfía.

Oír aullar tras puertas bien cerradas
Siroco, Bóreas, todo viento en guerra.
Esto es invierno, y cuánto da alegría.

«CANCIÓN DE OTOÑO» (CHANSON D’AUTOMNE),
DE PAUL VERLAINE

Chanson d’Automne

 

Les sanglots longs
des violons
de l’automne
blessent mon coeur
d’une langueur
monotone.

Tout suffocant
et blême, quand
sonne l’heure,
je me souviens
des jours anciens
et je pleure.

Et je m’en vais
au vent mauvais
qui m’emporte
deçà, delà,
pareil à la
feuille morte.

De Poèmes saturniens,1866

Canción de otoño

 

Los sollozos más hondos
del violín del otoño
son igual
que una herida en el alma
de congojas extrañas
sin final.

Tembloroso recuerdo
esta huida del tiempo
que se fue.
Evocando el pasado
y los días lejanos
lloraré.

Este viento se lleva
el ayer de tiniebla
que pasó,
una mala borrasca
que levanta hojarasca
como yo.

De Poemas saturninos, 1866.
Versión de Carlos Pujol


Jean Claude Fonder

La mirada

Dos enormes fotografías de pinturas barrocas ornaban las paredes de uno de los bares del barco. Estábamos de crucero. Una de ellas representaba «Los músicos» de Caravaggio, la otra, no nos acordamos de qué  pintor se trataba, aunque el estilo era muy similar. Lo que más nos fascinaba de ella era la mirada del personaje del sombrero situado al lado del dios Baco. Una mirada obsesiva y a la vez irónica que nos cautivaba cada vez que pasábamos delante de ella. Tomamos a menudo el aperitivo en ese bar.

Diego Velázquez, El triunfo de Baco (Los Borrachos) Museo del Prado, 1629

Deux énormes photographies de peintures baroques ornaient las parois d’un bar sur le bateau qui nous emmenait en croisière. L’une d’entr’elles représentait «Les musiciens» de Caravagge, l’autre nous ne nous rappelions pas quel peintre elle reproduisait, bien que le style était similaire. Ce qui nous fascinait dans celle-ci c’était le regard du personnage central avec chapeau qui était à côté du dieu Bacchus. Un regard obsessif et ironique tout à la fois qui nous captivais chaque fois que nous passions devant elle. Nous prîmes souvent l’apéritif dans ce bar. 

Os propongo tres obras: “Los borrachos” de Diego Velázquez, “El borracho” de Guy de Maupassant y “Amsterdam” de Jacques Brel.

Le vent du nord soufflait en tempête, emportant par le ciel d’énormes nuages d’hiver, lourds et noirs, qui jetaient en passant sur la terre des averses furieuses.
La mer démontée mugissait et secouait la côte, précipitant sur le rivage des vagues énormes, lentes et baveuses, qui s’écroulaient avec des détonations d’artillerie. Elles s’en venaient tout doucement, l’une après l’autre, hautes comme des montagnes, éparpillant dans l’air, sous les rafales, l’écume blanche de leurs têtes ainsi qu’une sueur de monstres.
L’ouragan s’engouffrait dans le petit vallon d’Yport, sifflait et gémissait, arrachant les ardoises des toits, brisant les auvents, abattant les cheminées, lançant dans les rues de telles poussées de vent qu’on ne pouvait marcher qu’en se tenant aux murs, et que les enfants eussent été enlevés comme des feuilles et jetés dans les champs par-dessus les maisons.
On avait halé les barques de pêche jusqu’au pays, par crainte de la mer qui allait balayer la plage à marée pleine, et quelques matelots, cachés derrière le ventre rond des embarcations couchées sur le flanc, regardaient cette colère du ciel et de l’eau.
Puis ils s’en allaient peu à peu, car la nuit tombait sur la tempête, enveloppant d’ombre l’Océan affolé, et tout le fracas des éléments en furie.
Deux hommes restaient encore, les mains dans les poches, le dos rond sous les bourrasques, le bonnet de laine enfoncé jusqu’aux yeux, deux grands pêcheurs normands, au collier de barbe rude, à la peau brûlée par les rafales salées du large, aux yeux bleus piqués d’un grain noir au milieu, ces yeux perçants des marins qui voient au bout de l’horizon, comme un oiseau de proie.
Un d’eux disait:
– Allons, viens-t’en, Jérémie. J’allons passer l’temps aux dominos. C’est mé qui paye.
L’autre hésitait encore, tenté par le jeu et l’eau-de-vie, sachant bien qu’il allait encore s’ivrogner s’il entrait chez Paumelle, retenu aussi par l’idée de sa femme restée toute seule dans sa masure. … (+)

El viento del norte soplaba tempestuoso, arrastrando por el cielo enormes nubes invernales, pesadas y negras, que arrojaban al pasar sobre la tierra furiosos chaparrones.
El mar encrespado bramaba y azotaba la costa, precipitando sobre la orilla olas enormes, lentas y babosas, que se desplomaban con detonaciones de artillería. Llegaban suavemente, una tras otra, altas como montañas, esparciendo en el aire, bajo las ráfagas, la espuma blanca de sus crestas, igual que el sudor de un monstruo.
El huracán se precipitaba en el vallecito de Yport, silbaba y gemía, arrancando las pizarras de los tejados, rompiendo los sobradillos, derribando las chimeneas, lanzando por las calles tales rachas de viento que sólo se podía andar sujetándose a las paredes, y capaces de levantar a                                                                                           un niño como si fuera una hoja y de arrojarlo al campo por encima de las casas.
Las barcas de pesca habían sido sirgadas hasta el pueblo, por miedo al mar que iba a barrer la playa cuando subiese la marea, y algunos marineros, ocultos tras el redondo vientre de las embarcaciones tumbadas de costado, contemplaban a aquella cólera del cielo y del agua.
Después se marchaban poco a poco, pues la noche caía sobre la tormenta, envolviendo en sombras el océano enloquecido, y todo el estruendo de los irritados elementos.
Quedaban aún dos hombres, las manos en los bolsillos, encorvados bajo la borrasca, el gorro de lana calado hasta los ojos, dos corpulentos pescadores normandos, con una sotabarba áspera, con la piel quemada por las saladas ráfagas de alta mar, de ojos azules con una pinta negra en el centro, esos ojos penetrantes de los marinos que ven a lo lejos en el horizonte, como un ave de presa.
Uno de ellos decía:
-Hala, vente, Jérémie. ¿Qué tal si echamos una partida de dominó? Yo pago.
El otro vacilaba aún, tentado por el juego y el aguardiente, sabiendo perfectamente que iba a emborracharse una vez más si entraba en la taberna de Paumelle, contenido también por la idea de su mujer, que se había quedado completamente sola en la casucha. … (+)

(Guy de Maupassant, L’ivrogne)

Jacques Brel, Amsterdam escuchar

Jean Claude Fonder

Impresiones

«Soy un impresionista, quiero decir que disfruto del arte a través de mis impresiones. Creo que cualquier obra tiene que hablarme con lenguaje propio: la literatura, el teatro, la música, la pintura, la escultura, la  arquitectura, el cine, la fotografía …
Me gusta confrontarme directamente con la obra, probar sensaciones, conmoverme ante de ella sin recurrir a ningún elemento intelectualista o reflexivo. Dejando así que solo la obra, y eventualmente su contexto y mi capital cultural personal, puedan enriquecer nuestra relación. Relación que, por este motivo, será única e irrepetible en el tiempo y en el espacio.»

Joaquim Sunyer, El maquillaje, 1907
Joaquim Sunyer, El, 1907

«Je suis un impressionniste, ce qui signifie que j’apprécie l’art au travers de mes impressions. Je crois que tout art doit s’exprimer avec le langage qui lui est propre: la littérature, le théâtre, la musique, la peinture, la sculpture, l’architectura, le cinema, la photographie …
Il me plait de me confronter directement avec l’oeuvre, d’éprouver des sensations, de m’émouvoir devant elle sans recourir à aucun élément intellectualiste ou réflexif. De façon que seule l’oeuvre, et éventuellement son contexte et mon capital culturel personnel, peuvent enrichir notre relation. Relation qui, pour ce motif, sera unique et impossible à reproduire.»

Os propongo tres obras: “El maquillaje” de Joaquim Sunyer, un extracto de “Sodome et Gomorrhe” de Marcel Proust y el preludio de “Pelléas et Mélisande” de Claude Debussy.

« Quel chef-d’œuvre que Pelléas ! s’écria Mme de Cambremer, j’en suis férue » ; et s’approchant de moi avec les gestes d’une femme sauvage qui aurait voulu me faire des agaceries, s’aidant des doigts pour piquer les notes imaginaires, elle se mit à fredonner quelque chose que je supposai être pour elle les adieux de Pelléas, et continua avec une véhémente insistance comme s’il avait été d’importance que Mme de Cambremer me rappelât en ce moment cette scène, ou peut-être plutôt me montrât qu’elle se la rappelait. « Je crois que c’est encore plus beau que Parsifal, ajouta-t-elle, parce que dans Parsifal il s’ajoute aux plus grandes beautés un certain halo de phrases mélodiques, donc caduques puisque mélodiques. — Je sais que vous êtes une grande musicienne, Madame, dis-je à la douairière. J’aimerais beaucoup vous entendre. »

“-¿Qué obra maestra, Peleas! -exclamó la señora de Cambremer-. Estoy amartelada”; y acercándoseme con los gestos de una mujer salvaje que hubiese querido hacerme melindres, ayudándose con los dedos para picar las notas imaginarias, se puso a tararear algo que supuse debía ser para ella los adioses de Péleas, y continuó con una insistencia vehemente, como si fuese importante que me recordara la escena en ese momento o mejor, me demostrase que la recordaba. “Creo que es más hermoso aún que Parsifal -agregó-, porque en Parsifal, junto a grandes bellezas se encuentra un halo de frases melódicas; por consiguiente, caducas ya que melódicas”. “-Sé que es usted muy música, señora -le dije a la dueña-. Me agradaría mucho poder oírla”.

(Marcel Proust, Sodome et Gomorrhe)

Claude-Debussy-al-piano
Debussy: Pelléas et Molisane: escuchar

Jean Claude Fonder