Le meilleur ami

Madeleine était épuisée, tout son corps tremblait sous le poids merveilleux de Georges, son amant depuis toujours, une belle pièce d’homme, son meilleur ami. Ce fut son premier quand à 16 ans il l’avait déflorée par jeu, elle voulait savoir, comprendre. La vie, les circonstances et ses parents les avaient séparés, mais de tant à autre ils ne manquaient jamais l’occasion de se retrouver. Cela finissait toujours ainsi, il s’endormait en elle, il la possédait totalement.

Pierre Dupuis, ouvrit la porte avec difficulté, la clef semblait ne pas vouloir rentrer dans la serrure. Il pleuvait cette nuit-là et le retour avait été pénible. Les phares qui l’aveuglaient, les nuages d’eau qui battaient la voiture comme une mer déchainée, les essuie-glaces qui ne suivaient pas, une torture, plusieurs fois il s’était arrêté, dans une aire de repos. Il voulait pouvoir penser. 

Qu’allait-il dire? Carmen avait été intransigeante, il devait se déclarer aujourd’hui, sinon c’était fini. Il était si heureux avec elle, sa vie sexuelle était pleine, Carmen savait l’emmener au de là de lui même, elle n’avait aucune limite son imagination dépassait tout se qu’il avait jamais rêvé. Avec Marie sa femme, il y avait toujours quelque chose, la lumière, les voisins qui pouvait les voir, elle avait ses règles, les enfants allaient se réveiller, …

Georges, était sous la douche, elle était très chaude et cela ravivait son désir. Madeleine était une femme exceptionnelle, elle était sa meilleur amie, elle le comprenait, elle savait anticiper ce qu’il aurait souhaité mais surtout avec elle il était bien, il pouvait parler des heures ensemble. Il se connaissait comme frère et soeur. Avec Carmen, ils ne se rencontraient jamais. Leur mariage avait été une brillante cérémonie, sous le feu des médias évidemment. C’était leur interêt, leur célébrité en fut ravivée, pour quelques années seulement. Ils ne tournèrent qu’un seul film ensemble.

Il ne douta pas et se dirigea à nouveau vers lit.

Pierre complètement trempé, retira son imperméable et son veston. Il portait son holster à l’épaule, il hésita si le garder ou pas. Son métier conseillait de ne jamais le quitter, puis il y avait la scène qui allait suivre. Il ne se voyait pas déclarer à Marie qu’il avait une maitresse et qu’il voulait la quitter en tenue de travail. 

Qu’allait il dire?

Ce n’était pas une amante exceptionnelle, mais c’était une mère admirable. Ils avaient  eu deux jumeaux. Il en était si fier. C’était elle qui avait su les élever, elle savait être dure et sévère, mais aussi douce et caressante et lui qui par métier était si souvent absent. Quand Carmen tournait en Europe, cela pouvait durer des mois. Il monta à l’étage où se trouvaient les chambres. Il passa devant la chambre des jumeaux qui était entrouverte. Il jeta un coup d’oeil à la porte silencieuse de sa femme, il se rappela la naissance douloureuse de John et Jonatan. Marie avait souffert mille morts. Il ne pouvait pas l’abandonner ainsi.

Cette Carmen qui le dominait, l’emprisonnait par le sexe, elle ne pouvait pas lui enlever cela, cette famille pleine d’amour et de tendresse. Il regarda à nouveau les jumeaux dans leur chambre décorée comme un camp indien. Il sortit son pistolet et se rappela les jeux infinis que son arrivée en voiture déclenchait. Les attaques à la diligence, “paf, paf”, les coups de feu qu’il simulait pour se défendre de ses petits indiens tout peinturlurés et couverts de plume.

Soudain un cri prolongé et effrayant sortit de la chambre de Marie.

Madeleine ouvrit très fort les jambes, puis les resserra sur le dos de son amant pour qu’il pénètre au plus profond d’elle même. Son cri était interminable comme l’orgasme qui la secouait si terriblement. La porte vola en éclat, Pierre qui hurlait lui aussi déchargea les six coups de son pistolet dans le dos ensanglanté, déchiqueté de Georges Cloen. Le bras de Marie Madeleine Dupuis retomba inerte sur le lit, au flanc de son corps sans vie.

Jean Claude Fonder